Dans les régions de Diffa et de Zinder - beaucoup plus exposées comparé à d'autres région au Niger en raison de leur position géographique - le phénomène de l’ensablement se traduit par le déplacement de grains de sable d’un lieu d’alimentation (source) sous l’effet essentiellement du vent (érosion éolienne) dans ces zones arides et semi-arides, et leur accumulation et dépôt sur un terrain dénudé à proximité d’un obstacle. Cet ensablement est devenu la principale cause de généralisation et de maintien à long terme de la pauvreté, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition infantile. Les départements de Gouré, Goudoumaria et Maïné-soroa, peuplés par des agro-pasteurs haoussas et kanuri et des pasteurs peulhs, comptent près de 3 674 cuvettes oasiennes représentant 138 391 ha, dont 12 701 ha sont menacés d’ensablement, tout comme les 22 000 ha de bas-fonds agro-sylvo-pastoraux et 60% des infrastructures socio-économiques (points d’eau, routes nationales, villages, écoles et centres de santé). Notons que les cuvettes oasiennes constituent les seuls espaces exploitables qui permettent aux populations locales de subsister dans cet espace au climat rude.
Face à l’acuité et à l’étendue de la détérioration du contexte écologique et environnemental, plusieurs projets de développement ont été initiés et exécutés dans les régions concernées. Ces projets comprennent le projet IDA/FAC/CCCE (1979-1986) (International Development Agency/Fonds d’Aide et de Coopération/ Caisse Centrale de Coopération Economique), le projet de lutte contre l’ensablement des terres et des cultures dans les régions de Zinder et de Diffa (PNUD/FAO - Programme des Nations Unies pour le Développement/Food and agriculture Organization - de 1990 à 1994), le projet Africare soutenu par l’USAID (United States Aid for International Development) (1991-1996), le projet de gestion des ressources naturelles (PGRN) financé par la banque mondiale de 1991 à 1995, le projet d’appui à la gestion des ressources naturelles dans le département de Maïné-soroa (PAGRN), qui a été financé par la coopération danoise et exécuté par l’ONG Karkara sur la période 2003-2008 (faisant suite au projet MEVCO - Mise en valeur des Cuvettes Oasiennes de Goudoumaria), et le projet d’appui au développement local de la région de Diffa (PADEL/BAD - Projet d’Appui au Développement Local/Banque Africaine de Développement - sur la période 2004-2010).
Poursuivant les mêmes objectifs de stabilisation des dunes et de récupération/protection des cuvettes oasiennes, le projet de lutte contre l’ensablement des cuvettes oasiennes dans les départements de Gouré, Goudoumaria et Maïné-soroa (PLECO), financé par le fonds mondial pour l’environnement (FEM) et le PNUD, s’est appuyé sur les résultats de ces multiples expériences pour mettre en œuvre une approche novatrice de gestion durable des terres. La zone d’intervention était constituée des communes rurales de Bouné, Kellé, Guidiguir, la commune urbaine de Gouré dans la région de Zinder et les communes rurales de Goudoumaria, N’Guel Beyli, Foulatari et la commune urbaine de Maïné-soroa dans la région de Diffa. La phase pilote du projet, qui couvrait la période 2010-2015, a enregistré des résultats encourageants : (i) la protection de 44 cuvettes et villages, correspondant à la stabilisation de 3 952 ha, et la mise en place de 9 sites de démonstration de bonnes pratiques de GDT, (ii) la sensibilisation et la formation de 3 600 à 4 800 personnes aux techniques de protection des cuvettes, (iii) la création de dix commissions foncières de base et la redynamisation de 42 comités locaux de gestion des ressources naturelles (COGERNAT), (iv) l’élaboration de 17 fiches techniques portant notamment sur les pépinières villageoises, la fixation des dunes, le paillage ou mulching, et (v) le développement d’un partenariat avec l’université de Niamey et le CNSEE en vue de la mise en œuvre d’un système de suivi/évaluation axé sur des outils d’aide à la décision performants.
Dans ce cadre, le terroir de Yari (Gouré, Zinder), comptant près de 1 500 habitants, a été appuyé par le PLECO en partenariat avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM) au cours de la période 2011-2014 pour la fixation mécanique et biologique de 45 ha de dunes qui menaçaient à la fois le village et la cuvette principale, la réhabilitation de 15 ha, et l’appui à la mise en valeur de la cuvette (encadrement technique des producteurs, appui en matériels et en intrants agricoles).
La mise en œuvre de la technologie comprend deux phases : une phase de fixation mécanique primaire des dunes et une phase de fixation définitive. La fixation mécanique des dunes consiste en: (i) l’étude du modelé dunaire, (ii) l’établissement d’un schéma de protection, (iii) la collecte du matériau de fixation, (iv) la confection des panneaux de fixation des dunes, (v) l’installation des palissades. Les types de matériaux utilisés dépendent de leur disponibilité dans la zone d’intervention. Les principaux types de matériaux utilisés au Niger sont : les rachis de palmier doum (Hyphaene thebaica) ou du dattier (Phoenix dactylifera), les branchages de Leptadenia pyrotechnica, les tiges de Calotropis procera et les tiges de mil cultivé. Après la stabilisation des sables à travers l’installation d’un réseau approprié de claies, il est indispensable de fixer de manière définitive les dunes. Cette fixation peut être réalisée en suscitant une régénération naturelle des espèces arbustives et herbacées, ou par des plantations d’espèces végétales pérennes à croissance rapide, adaptées aux conditions d’aridité et de pauvreté des sols dunaires (Prosopis chilensis, Prosopis juliflora, Acacia holosericea, Acacia senegal, etc.). Ainsi, les fixations ordinaires consistent à fixer les dunes avec des claies (internes et externes) en association avec des plantations. Dans certains cas, on procède à un épandage de fumier et/ou de rachis avant les semis directs. Ces travaux de mise en œuvre de la technologie sont exécutés selon une approche communautaire selon la méthode HIMO; la main d’œuvre constitue le principal facteur de réalisation de la technologie.
Les objectifs de la technologie sont la stabilisation ou la fixation des dunes et la récupération et l’exploitation des cuvettes oasiennes, qui sont à l’heure actuelle les seuls espaces de production agro-sylvo-pastorale dans la région est du Niger. Les fonctions de la technologie sont de réduire le déplacement des particules de sable qui s’opère à la surface des dunes, de limiter le phénomène d’avalanche des sables par la réduction de la distance que parcourt le vent entre les obstacles, et de favoriser la recolonisation par la végétation des dunes.
Du point de vue économique, l’avantage/impact de la technologie est l’accroissement des revenus agro-sylvo-pastoraux, de la production animale, de la production de paille et de pâturage, et de la production fruitière (datte, mangue, citron, etc.)
Du point de vue écologique, les avantages/impacts sont l’accroissement de la couverture végétale/fertilité des sols, la réduction de l’érosion éolienne et hydrique et l’accroissement de la biodiversité.
Au niveau socio-culturel, cette technologie réduit les conflits entre les exploitants des terres et renforce les capacités institutionnelles des communautés locales.
Les exploitants des terres apprécient principalement la récupération des cuvettes oasiennes qui leur permettent de poursuivre leurs activités productives. Surtout, la mise en œuvre de la technologie est accompagnée par la distribution de vivres et de revenus sous la forme de travail contre argent ou nourriture. Ils souhaitent la récupération de la totalité des cuvettes oasiennes menacées dans les régions de Zinder et de Diffa.
Lieu: Communes rurales de Bouné, Kellé, Guidiguir, la commune urbaine de Gouré, communes rurales de Goudoumaria, N’Guel Beyli, Foulatari et la commune urbaine de Mainé-Soroa, Région de Zinder, Région de Diffa, Niger
Nbr de sites de la Technologie analysés: 10-100 sites
Diffusion de la Technologie: répartie uniformément sur une zone (approx. 10-100 km2)
Dans des zones protégées en permanence ?:
Date de mise en oeuvre: 2011; il y a moins de 10 ans (récemment)
Type d'introduction
Spécifiez les intrants | Unité | Quantité | Coûts par unité (dollars américains) | Coût total par intrant (dollars américains) | % des coût supporté par les exploitants des terres |
Main d'œuvre | |||||
Travail pour traitement mécanique et biologique | personne/jour | 500,0 | 3,0 | 1500,0 | |
Equipements | |||||
Petits matériels (pelles, râteaux, pioches) | lot | 1,0 | 200,0 | 200,0 | |
Matériel végétal | |||||
Plants | plants | 1000,0 | 5,0 | 5000,0 | |
Semences herbacées | kg | 10,0 | 45,0 | 450,0 | |
Engrais et biocides | |||||
Fumures organiques, rachis de doum | lot | 1,0 | 60,0 | 60,0 | |
Matériaux de construction | |||||
Rachis de doum | lot | 1,0 | 750,0 | 750,0 | |
Coût total de mise en place de la Technologie | 7'960.0 | ||||
Coût total de mise en place de la Technologie en dollars américains (USD) | 14.47 |
Spécifiez les intrants | Unité | Quantité | Coûts par unité (dollars américains) | Coût total par intrant (dollars américains) | % des coût supporté par les exploitants des terres |
Main d'œuvre | |||||
Travail (main d'œuvre + gardiennage) | personne/jour | 454,0 | 3,0 | 1362,0 | |
Equipements | |||||
Petits matériels (pioches, pelles, râteaux) | lot | 1,0 | 50,0 | 50,0 | |
Matériel végétal | |||||
Plants | plants | 300,0 | 5,0 | 1500,0 | |
Semences d'herbacées locales | kg | 15,0 | 45,0 | 675,0 | |
Engrais et biocides | |||||
paillage + mulching | lot | 1,0 | 30,0 | 30,0 | |
Matériaux de construction | |||||
rachis de doum | lot | 1,0 | 250,0 | 250,0 | |
Coût total d'entretien de la Technologie | 3'867.0 | ||||
Coût total d'entretien de la Technologie en dollars américains (USD) | 7.03 |
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
La fixation des dunes a permis de développer les activités de production maraîchère dans la région en culture irriguée pendant au moins 9 mois dans l'année. Cette activité nouvelle s'est ajoutée à l'élevage qui est l'activité principale dans la zone.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
Dans le cadre de la mise en œuvre des activités du projet, les exploitants des terres ont bénéficié de formations pour améliorer la qualité des cultures.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
Les résidus de la production maraîchère ont été utilisés pour intensifier l'élevage de petits ruminants et de bovins. De même, la stabilisation des dunes a permis d'améliorer la couverture végétale et d'accroitre les ligneux. Cela a contribué à améliorer considérablement la production fourragère, surtout à travers l'ensemencement des superfices traitées.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
Le traitement des dunes s'est traduit par la diversification des espèces végétales. Il a surtout favorisé une meilleure croissance des plantes et des herbacées. Cela a amélioré significativement la qualité des fourrages.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 50%
L'accroissement de la qualité et des quantités des fourrages s'est traduit par une augmentation de la production animale, surtout des petits ruminants dont l'élevage dans les cuvettes oasiennes s'est accru de manière forte et soutenue.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
La stabilisation définitive des dunes s'est traduite par un accroissement des ressources ligneuses et surtout par un développement des doumeraies. Cela a favorisé la production de bois et de rachis de palmer doum qui sont utilisés dans la confection des palissades de stabilisation des dunes.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
La récupération des cuvettes oasiennes s'est traduite par une augmentation des superficies cultivées. Toutes les terres récupérées ont été affectées à la production maraîchère en général.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: +30%
Le développement des activités maraîchères a conduit les populations à utiliser des engrais chimiques, des pesticides, et des motopompes.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
La production maraîchère constitue une nouvelle source de revenus pour les populations locales qui ont fortement accru leurs revenus issus de l'élevage.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
Le maraîchage, les travaux ‘travail contre argent » et « travail contre nourriture », la récupération de rachis de palmiers doum et l'exploitation de pépinières sont devenues des activités lucratives qui diversifient les sources de revenus des populations locales.
Quantité avant la GDT: None
Quantité après la GDT: -100%
Le développement des activités productives en faveur de populations vulnérables a réduit fortement les disparités économiques. Les écarts de revenus entre les groupes sociaux sont devenus plus faibles au terme de la récupération des cuvettes oasiennes, et surtout de la transformation de ces terres en terres communautaires dont la gestion est organisée.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
La récupération des terres a favorisé la distribution de vivres et de revenus aux populations qui ont pu acheter des vivres. Aussi, elle s'est traduite par l'accroissement de la production de vivres dans la région réduisant ainsi les déficits alimentaires.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
L'amélioration de la sécurité alimentaire a réduit considérablement la situation sanitaire à travers d'une part une réduction de la malnutrition infantile, et d'autre part une amélioration des conditions de vie des populations locales.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
La mise en œuvre de la technologie a permis de sécuriser les ressources foncières et de permettre les populations pauvres d'accéder plus facilement à la propriété foncière.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
L'instauration de la sécurité alimentaire dans la région a favorisé la restauration de certaines pratiques culturelles qui avaient disparu en raison de l'insécurité alimentaire et de la pauvreté.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
Le projet a mis en place plusieurs organisations communautaires de base, et engagé de multiples programmes de renforcement des capacités institutionnelles des populations locales.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
Le projet a créé un cadre de renforcement des capacités des institutions nationales de recherche (université) et de gestion durable des terres (mise en place d'une coordination nationale sur la GDT avec des antennes régionales dans les 8 régions du Niger).
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
La mise en œuvre de la technologie a permis aux populations locales de mieux comprendre et maitriser les techniques de stabilisation mécanique et biologique des dunes. Au niveau national, les recherches sur les processus de formation des dunes et le suivi/évaluation des protocoles techniques de stabilisation des dunes ont favorisé une meilleure connaissance sur la technologie et la dégradation des terres.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
La stabilisation des dunes menaçant les cuvettes oasiennes a permis d'apaiser les conflits entre les populations locales et de réduire considérablement la forte pression sur les terres. Elle a permis de mettre en place un système concerté de gestion durable des terres.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
Les groupes socialement et économiquement désavantagés ont pu accéder à la terre et produire pour améliorer leurs conditions de vie.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
La récupération des terres à travers la fixation biologique a accru l'humidité du sol de manière significative, comme la couverture végétale au sol a été restaurée à 100%.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
La fixation biologique des dunes s'est traduite par la plantation de ligneux et l'ensemencement avec des herbacées locales des dunes. La couverture végétale du sol a été réalisée sur l'ensemble des dunes traitées à la fin des cinq ans du projet.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: -100%
Dans toute la région, la perte en sol a été réduite considérablement, de telle sorte que la possibilité d'une formation de nouvelles dunes demeure quasi-nulle.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
Le mulching, l'épandage de rachis de palmiers doum et de fumure organique ont amélioré la qualité du sol et augmenté considérablement la matière organique dans le sol et en dessous du sol.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
Comme indiqué ci-dessus, la fixation biologique des dunes s'est traduite par un accroissement de la couverture végétale qui était nulle avant la mise en œuvre de la technologie.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
De même, initialement la biomasse était nulle. Après la fixation biologique, la biomasse a été restaurée et était plus abondante qu'auparavant.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
Le projet a fait planter une vingtaine d'espèces de plantes et plus d'une cinquantaine d'espèces d'herbacées qui avaient disparu de la région.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
La récupération des dunes a ramené les oiseaux, des petits mammifères et surtout des reptiles.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
La technologie a permis aux cultures de mieux résister aux longues périodes de sécheresse en raison de l'accroissement de l'humidité et surtout de la présence des ligneux.
Quantité avant la GDT: 0
Quantité après la GDT: 100%
La désertification avait détérioré le microclimat et engendré de fortes variations climatiques. La fixation des dunes a été accompagnée par une stabilisation des températures et le retour des caractéristiques précédentes du microclimat.