L’approche 'Travail contre argent' de la Cellule Crises Alimentaires (CCA) s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de prévention et de gestion des crises notamment alimentaires, qui sont devenues quasi-chroniques depuis plusieurs années sur l’ensemble du territoire national. Son objectif principal est le renforcement durable de la sécurité alimentaire dans toutes les zones vulnérables du Niger à travers l’instauration d’une dynamique de création de richesses. Dans ce cadre, l’approche est caractérisée par un double objectif spécifique :
L’amélioration durable des revenus des populations à travers la réalisation de plusieurs activités rémunérées (de distribution de revenus),
La conservation de l’eau et des sols dans le cadre d’une exploitation durable des ressources naturelles en vue de la prévention et de la gestion de catastrophes.
Dans cette perspective, cette approche est participative et communautaire. Elle repose sur trois instruments de soutien aux populations vulnérables :
Un instrument économique défini à travers les travaux HIMO (haute intensité de main d’œuvre) rémunérés.
Un instrument de gestion durable des terres.
Un instrument de formation du capital humain.
Ainsi, l’approche est mise en œuvre en cinq étapes : (i) lancement du projet, (ii) planification villageoise, (iii) formation des membres des COGES (Comités de Gestion) et encadrement technique des populations locales, (iv) travaux de protection des berges pendant deux mois, (v) suivi-évaluation.
Les rôles et responsabilités des intervenants sont définis comme suit :
Le CR (Comité régional)/PGCA (Programme de Gestion des Crises Alimentaires) de la région est la structure représentante de la Cellule Crise Alimentaire au niveau régional ; il accompagne l’ONG contractante et les populations locales dans les activités de contrôle externe, d’encadrement technique et de suivi-évaluation.
Le CSR (Comité Sous-Régional)/PGCA de la commune (pour les communautés urbaines) du département participe au contrôle externe, à l’encadrement technique et au suivi-évaluation des activités. Il approuve le document de projet qui est transmis au CR.
Les autorités villageoises, communales et régionales s’assurent de la conformité du projet avec les programmes nationaux et locaux de développement.
L’ONG contractante demeure responsable de la gestion administrative, comptable, financière et technique du projet.
L’équipe technique de coordination du projet assure le contrôle, le suivi-évaluation et l’encadrement technique des activités du projet.
Les COGES assurent la pérennité des réalisations (travaux d'entretien après la fin du projet).
Les populations locales sont responsables de l’exécution des travaux.
Pour tous les exploitants des terres, les points forts de cette approche sont :
L’implication directe des populations locales dans les prises de décision et la réalisation des travaux de terrain et de gestion courante des ressources financières.
L’approche a pris en compte la nécessité d’une réinsertion socio-professionnelle des femmes productrices de moellons.
A travers cette approche, toutes les parties prenantes de la GDT ont été mobilisées.
Deux principaux points faibles sont mentionnés par les exploitants des terres :
La courte durée des travaux.
Le faible taux de bénéficiaires (moins de 5%) par rapport à la population vulnérable.
Lieu: 2ème arrondissement de Niamey, Village de Koira Tégui Foulan Koira, Niamey, Niger
Date de démarrage: 2011
Année de fin de l'Approche: 2012
Type d'ApprocheQuels acteurs/ organismes d'exécution ont été impliqués dans l'Approche? | Spécifiez les parties prenantes | Décrivez le rôle des parties prenantes |
exploitants locaux des terres / communautés locales | Les parties prenantes sont les populations locales vulnérables du village de Koira Tégui Foulan Koira (hommes et femmes), qui sont les propriétaires fonciers le long du kori. Ces populations, (agropasteurs, éleveurs, agriculteurs exclusifs, commerçants, etc.) appartiennent à toutes les ethnies (Djerma, Peulh, Haoussas). Les exploitants agricoles en aval du kori ont participé à la mise en œuvre de l'approche. | Ce sont les femmes à plus de 95% qui ont assuré la production et le transport des moellons, et certains travaux de réalisation des ouvrages. Elles assurent la mobilisation, l'information et la sensibilisation des autres couches sociales. Les hommes ont appuyé les femmes dans la réalisation technique des ouvrages et des travaux de déblayage. |
organisations communautaires | Deux comités de gestion constitués d'hommes et de femmes à parité sont les organisations communautaires ayant mis en œuvre l'approche. Chacun de ces comités de gestion comprend une dizaine de membres ayant chacun un rôle spécifique (Président, vice-président, trésorier, secrétaire, etc.). | Les COGES ont un double rôle: (i) organiser les bénéficiaires dans la réalisation des activités et assurer leur participation effective à toutes les prises de décision, (ii) assurer la pérennité des investissements réalisés, les COGES poursuivant les travaux d'entretien après la fin des travaux. |
Spécialistes de la GDT/ conseillers agricoles | Directeur régional de Niamey du génie rural (homme), Responsable communal du 2ème arrondissement du génie rural (femme), Responsable communal du 2ème arrondissement de l'environnement (femme), spécialistes GDT de l'ONG GREAD (1 homme et 1 femme) et les chefs des services communaux de l'élevage et de l'agriculture (hommes). | Le Directeur régional de Niamey du génie rural assure l'évaluation externe technique des ouvrages de CES/DRS. Il approuve le plan d'aménagement du kori avant le début des travaux. Les responsables communaux du 2ème arrondissement valident le document de projet, assurent le suivi/évaluation externe des travaux et approuvent le rapport final de suivi/évaluation. Ils appuient l'ONG GREAD dans la formation des membres des COGES. Les spécialistes GDT de l'ONG GREAD assurent le suivi/évaluation des travaux pendant toute la durée du projet. Ils rédigent les rapports techniques du projet. |
chercheurs | Chercheur de l'ONG GREAD (1 homme) | Il appuie les spécialistes GDT dans l'adaptation des technologies et de l'approche au contexte à travers une évaluation des impacts socio-économiques et environnementaux. |
enseignants/ élèves/ étudiants | Quatre stagiaires de l'IPDR (Institut Pratique de Développement Rural) de kollo (entité administrative), dont 3 hommes et 1 femme. Ils ont réalisé leur mémoire de fin d'études à partir de ce stage qui a été rémunéré. | Les quatre stagiaires ont appuyé l'équipe de topographes pour la détermination du plan d'aménagement du kori, et ont participé à la réalisation des ouvrages. Il s'agit d'un rôle d'apprentissage sur le terrain et de renforcement de leurs capacités techniques à exécuter des travaux de ce type. |
ONG | Les ONG Club des BienFaiteurs (CBF) et GREAD | Le Club des BienFaiteurs (CBF) assure la mobilisation de la population, encadre les bénéficiaires et appuie les COGES dans leurs activités courantes. GREAD apporte un appui technique à la fois aux comités de gestion et à CBF. L'ONG GREAD fournit des personnes ressources pour la formation et l'encadrement technique des bénéficiaires. L'ONG GREAD a appuyé CBF dans l'élaboration du document de projet, la recherche de financement, et la mise en œuvre du projet. |
gouvernement local | Gouvernorat de Niamey à travers le CR/PGCA, commune II de Niamey à travers le CSR/PGCA, les autorités villageoises, communales et régionales. | Le CR/PGCA de la région de Niamey est la structure représentante de la Cellule Crise Alimentaire au niveau régional. Dans ce cadre, ce sont les services techniques régionaux (génie rural, agriculture, élevage, développement communautaire et environnement) qui accompagneront l’ONG GREAD dans ce processus de contrôle externe, d’encadrement technique et de suivi-évaluation. Le CSR/PGCA du 2ème arrondissement de Niamey est la structure représentante du partenaire financier au niveau local. A ce titre, il participe au contrôle externe, à l’encadrement technique et au suivi-évaluation des activités. A travers le CSR/PGCA, ce sont les services techniques communaux qui accompagneront l’ONG GREAD dans ce processus de contrôle externe, d’encadrement technique et de suivi-évaluation. Les autorités villageoises, communales et régionales sont chargées du développement local. Dans ce cadre, elles s’assurent de la conformité du projet avec les programmes nationaux et locaux de développement. De même, elles soutiennent les populations locales dans leurs efforts d’amélioration de leur cadre de vie. |
gouvernement national (planificateurs, décideurs) | Cellule Crise Alimentaire/Cabinet du Premier Ministre (CCA) | Elle assure le financement des travaux et le suivi/évaluation externe des travaux en partenariat avec les services techniques de l'Etat. Elle approuve en dernière instance le rapport final et clôture le projet. |
organisation internationale | Les partenaires financiers internationaux de la CCA qui sont regroupés au sein d'un fonds commun d'appui à la sécurité alimentaire (France, Espagne, Belgique, Allemagne, etc.). | Ces partenaires constituent le fonds destiné au financement des micro-projets approuvés chaque année par la CCA. |
L'approche ‘Travail contre argent de la Cellule Crises Alimentaires’ consiste principalement en la mise en œuvre de travaux en haute intensité de main d'œuvre, sous la forme de travail contre argent en faveur de populations vulnérables faisant face à des crises alimentaires sévères.
Les décisions ont été prises par
Les décisions ont été prises sur la base de
Vie associative, gestion administrative et comptable, techniques d'entretien des ouvrages réalisés, techniques de réalisation des ouvrages
L'ONG GREAD a intégré au sein de cette approche la dimension recherche principalement sur trois thèmes:
- L'impact socio-économique des réalisations. Il s'agissait de comprendre aussi les effets des conditions socio-économiques des bénéficiaires sur leurs capacités à mettre en place une dynamique de gestion durable des terres dans le village. Plus concrètement, est ce que les ménages pauvres sont moins réceptifs aux questions de gestion durable des terres que les ménages moins vulnérables? Et, quel est l'impact des technologies de GDT sur le comportement socio-économique de ces ménages pauvres?
- L'impact de la GDT sur les capacités institutionnelles et organisationnelles des populations vulnérables. Est-ce que la mise en œuvre des technologies de CES/DRS renforcent la cohésion sociale, et les capacités d'auto-mobilisation des populations vulnérables?
- L'impact écologique est-il celui le plus recherché par les populations? Un protocole de recherche a été défini et conduit lors de la mise en œuvre du projet.
rémunération des bénéficiaires ordinaires (production de moellons, main d'œuvre sur les chantiers: 18 165 US $ ; rémunération charretiers (transport des moellons): 9011 US $ ; maçonnerie de moellons: 900 US $ ; Etude topographique: 400 US $
matériels réutilisables (pelles, marteaux, brouettes, râteaux, burins, pinces, etc.) : 1105 US $
La subvention porte uniquement sur la main d'œuvre de production des pierres. Le montant est indiqué dans la main d'œuvre.
matériels non-réutilisables (gabions, ciment, géotextile): 1880 US $
La main d'oeuvre fournie par les exploitants des terres était
L'approche a permis la distribution de revenus aux exploitants locaux vulnérables des terres. A travers cette distribution, les exploitants ont développé des activités génératrices de revenus, qui ont contribué à améliorer leurs conditions de vie, et ainsi à les autonomiser. Aussi, l'aménagement des terres a été accompagné par une sécurisation foncière, qui a eu pour effet d'accroître les prix des terrains et ainsi d'accroître le capital foncier de ces exploitants de terres. Enfin, l'approche a développé une plateforme de partenariats entre l'ensemble des parties prenantes.
L'approche a renforcé la prise de décision sur des données probantes. D'une part, l'étude topographique a permis de constituer une base de données pour la détermination des types d'ouvrages de GDT. Ensuite, une base de données actualisée des ménages vulnérables a été réalisée pour servir de référence à la détermination de la liste des bénéficiaires directs du projet.
L'approche s'est traduite par l'installation de comités de gestion, qui se sont chargés d'appuyer les exploitants de terres à l'entretien des ouvrages de GDT. Aussi, les multiples formations techniques, notamment celles reçues par les bénéficiaires directs selon le système d'apprentissage (‘Learning by doing’), ont accru les capacités des exploitants des terres à mettre en œuvre les ouvrages de GDT.
L'objectif principal de l'approche est de maximiser les revenus distribués aux personnes vulnérables, et de minimiser les coûts de prestations externes. Donc, l'approche met en avant un bon rapport coût-efficacité à travers la structure du budget, qui repose sur des taux précis au niveau de chaque rubrique de dépenses.
Le Programme de gestion et de prévention des crises alimentaires, dont est issue l'approche, mobilise des ressources nationales et extérieures pour la réalisation de technologies de GDT sur l'ensemble du territoire national. Ainsi, ce programme mobilise chaque année depuis 2004 d'importantes ressources financières pour soutenir les communautés locales à mettre en œuvre des micro-projets de GDT.
D'une part, la formation des membres des comités de gestion constitue un apport important dans l'amélioration des connaissances et des capacités des exploitants des terres. D'autre part, la formation des bénéficiaires directs par le système de "Learning by doing" pendant toute la durée des travaux a renforcé les capacités des exploitants des terres, et amélioré leurs connaissances en techniques de mise en œuvre des technologies de GDT.
Le partage de connaissances et d'expériences développées tout au long de la mise en œuvre de l'approche a permis à toutes les parties prenantes d'améliorer leurs connaissances et leurs capacités en matière de mise en œuvre de technologies de GDT. Aussi, la participation aux formations et au suivi/évaluation des activités a amélioré leurs connaissances et leurs capacités en GDT.
L'approche a permis d'installer des comités de gestion, de renforcer les capacités institutionnelles des ONG locales, et surtout de développer une plateforme d'échange entre toutes les parties prenantes au projet.
L'un des objectifs essentiels de l'approche est l'atténuation des conflits entre riverains suite aux inondations et à la dégradation des terres. Ainsi, la résolution de ces deux problèmes a conduit à la résolution définitive des conflits entre exploitants des terres. Surtout, elle a permis de réduire les conflits entre les maraîchers et les éleveurs du village. L'accroissement du potentiel fourrager et le maintien de l'eau en aval en dehors des sites maraîchers ont permis de réduire considérablement les dégâts des animaux dans les champs et les jardins.
L'approche repose essentiellement sur la distribution de revenus aux bénéficiaires qui font partie des ménages extrêmement vulnérables. Cette distribution de revenus s'est traduite par la réalisation d'activités génératrices de revenus par ces bénéficiaires directs. Plusieurs femmes se sont lancées dans l'élevage de case, d'autres font le petit commerce, etc. Cela a permis d'améliorer - au moins à court terme - leurs revenus, et ainsi d'assurer leur autonomisation à court terme.
Cette approche avait privilégié les femmes et les jeunes filles qui représentent plus de 95% des bénéficiaires directs. Dans ce cadre, les revenus obtenus ont permis de renforcer leurs rôles dans la gestion courante des activités familiales, et ainsi d’améliorer l'égalité avec les hommes. L'autonomisation des femmes et des jeunes filles est obtenue surtout à court terme à travers les activités génératrices de revenus développées.
Plus de 65% des bénéficiaires directs sont des femmes et des jeunes filles ayant moins de 35 ans. Les membres des comités de gestion sont tous des jeunes ayant moins de 30 ans. Par conséquent, cette approche a encouragé les jeunes et les membres de la prochaine génération d'exploitants des terres à s'engager dans la mise en œuvre de la GDT.
Dans sa phase initiale de mise en œuvre, l'approche consacre une part importante à la sécurisation foncière à travers l'examen des sites par la commission foncière locale. Avant le démarrage des travaux, il est clarifié la nature de la propriété foncière et les droits d'utilisation des terres. le plan cadastral est actualisé à l'occasion par la commune Niamey II, de telle sorte que cette approche se traduit par le règlement de tous les litiges, et par la détermination des droits de chacun sur les terres (privées ou communautaires).
L'aménagement du kori a eu un impact positif significatif sur la production en aval dans les jardins et les champs, à travers la résolution des problèmes de dégradation des sols, et surtout l'arrêt des inondations. Mais, cet impact n'est pas aussi important pour améliorer la sécurité alimentaire et/ou la nutrition dans le village. Aussi, l'accroissement des revenus des bénéficiaires a permis d'accroître la solvabilité des personnes bénéficiaires, qui ont pu acheter facilement sur les marchés locaux des denrées alimentaires de première nécessité. Mais, cet impact positif reste limité à court terme.
L'aménagement du kori a permis de rendre praticables certaines voies d'accès aux marchés locaux, notamment au marché hebdomadaire de bétail du village, qui est situé sur la rive droite du kori.
L'aménagement du kori a d'une part facilité l'installation du réseau d'eau potable de la Société d'Exploitation des eaux du Niger (SEEN) dans le village. D'autre part il s'est traduit par la destruction des dépotoirs sauvages, l'installation de containers pour ordures, et une meilleure évacuation des eaux usées et/ou ménagères.
L'aménagement du kori a réduit considérablement le risque d'inondations et inversé les tendances d'accélération du processus d'érosion hydrique. Ainsi, l'approche a amélioré considérablement les capacités d'adaptation des exploitants des terres aux changements /extrêmes climatiques, et a atténué de manière significative les catastrophes liées au climat (inondations).
L'approche vise à la création d'emplois en faveur des groupes sociaux défavorisés. Aussi, après la fin du projet, elle conduit au développement d'opportunités de revenus à travers des activités génératrices de revenus.
Des comités de gestion ont été installés. Il a été mis à leur disposition les équipements (matériels réutilisables) pour assurer les travaux d'entretien après la fin du projet. Les ONG GREAD et CBF poursuivent le travail de renforcement des capacités institutionnelles des exploitants des terres. Des rencontres de suivi/évaluation après la fin du projet sont organisées entre l'ensemble des parties prenantes pour la poursuite du traitement du kori, dont une partie n'a pas été traitée encore.