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Jessours sur les cours d'eau dans les zones montagneuses du sud tunisien [Tunisie]

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Entité concernée: Tunisia

Précisez si la technologie indiquée dans le modèle, ou une partie de cette technologie, est protégée par des droits de propriété intellectuelle: Non

État complet : 94%

Informations générales

Informations générales

Titre des bonnes pratiques:

Jessours sur les cours d'eau dans les zones montagneuses du sud tunisien

Pays:

Tunisie

Entité concernée:

Tunisia

Droits de propriété intellectuelle

Précisez si la technologie indiquée dans le modèle, ou une partie de cette technologie, est protégée par des droits de propriété intellectuelle:

Non

Classification

Utilisation courante des terres sur le site

  • Cultures
  • Terres improductives
  • Habitat humain
  • Autre (précisez)
Précisez:

Zone d'arboriculture et de parcours

Contribution aux mesures de la DDTS

  • Prévention
  • Adaptation
  • Réhabilitation

Contribution aux objectifs stratégiques

  • Améliorer les conditions de vie des populations touchées
  • Améliorer les conditions des écosystèmes touchés
  • Générer des bénéfices à l’échelle mondiale grâce à une mise en œuvre efficace de la Convention

Liens avec les autres thèmes relatifs aux meilleures pratiques

  • Suivi et évaluation/recherche de la gestion durable des terres et de la DDTS
  • Participation, collaboration et réseautage

Spécifications

Section 1. Contexte de la meilleure pratique : conditions du cadre (environnement naturel et humain)

Brève description de la meilleure pratique

C’est une pratique très ancienne qui caractérise les zones montagneuses du Sud tunisien (les chaînes des Matmatas). Les jessour se localisent tout le long des thalwegs qui constituent les cours d’eau inter montagnes. Un jesser est formé par une digue en terre (katra ou tabla) consolidée en amont (sdar) et en aval (gfaa) par des pierres sèches, un déversoir central (masref) et/ou latéral (manfes) pour l’évacuation des eaux de débordement,
et la retenue ou on pratique de l’arboriculture (olivier, figuier, palmier, amandier) et de la céréaliculture (orge et blé). La retenue se forme progressivement par la sédimentation des matériaux de charriage qui permet aussi le nivellement de la pente initiale du thalweg (El Amami, 1984)

Site

Sud Tunisien méridionale, les zones montagneuses des gouvernorats de Gabes, Médenine et Tataouine|

Si le lieu a des limites clairement définies, spécifier son extension en hectare:

400000.0

Estimation de la population vivant sur le site:

100000.0

Brève description de l’environnement naturel du site

Le climat de la région se caractérise par une pluviométrie irrégulière et intense, la moyenne pluviométrique régionale varie entre 120 à 224 mm appartenant à l’étage climatique aride inférieur, La température moyenne annuelle est de l’ordre de 26,4°C avec des variations journalières et saisonnières importantes. L’amplitude thermique annuelle est de 21°C, Le sirocco (vent sec désertique) souffle 25 jours par an dans la région. L’évapotranspiration ETP est importante elle  dépasse les 1000mm/an|
Terrain accidenté, c'est la zone montagneuse de la chaîne de Matmata, dans le sud-est tunisien, zone caractéristique des hauteurs arides du pays, avec des piedmonts et glacis|
L’épaisseur des sols est inférieure à 40 cm, la texture est en générale grossière à l’exception des bas fonds. La majorité des sols de la région appartient aux textures sablo-limoneux, les sols sont pauvres en matière organique<0.6%|

Conditions socio-économiques dominantes des personnes vivant sur ou à proximité du site

Bien qu’aride, l’activité économique dominante est l’agriculture surtout derrière les jessours et les tabias (arboriculture, pastoralisme, et céréaliculture en sec) occupant environ 20 000 familles).|
Le taux de chômage s’élève à 19,7 % dans les zones rurales des Matmatas selon les données de l'INS de 2004|
Près de 32% des terres cultivées et de parcours ont un statut foncier collectif, le reste a été attribué aux agricultures, mais le problème réside dans l’immatriculation des titres fonciers pour accéder aux crédits agricoles|

Sur la base de quel critère/indicateur(s) (sans relation avec la stratégie) la pratique proposée et technologie correspondante ont-elles été considérées comme « meilleures »?

Dans des zones arides et des terrains accidentés et très dégradées ou les terres arables sont rares, la population locale a besoin de fixer et de collecter, les sols érodes et les quelques mm de pluie pour satisfaire leurs besoins en plantant des arbres fruitières a rentabilité économique élevée comme l’olivier et le figuier sur les ouvrages hydrauliques traditionnels typiques qui caractérisent les zones montagneuses à climat aride et à pente moyenne à forte du Sud tunisien.
En adoptant une hypothèse faible de 100m3 retenus par un jessour annuellement, donc pour 20 mm de pluie et pour un coefficient de ruissellement de 50% et un nombre approximatif de 10.000 jessours permettant le captage de près de 10 millions de m3/an s’infiltrant souterrainement pour alimenter les nappes et s’échappant ainsi au ruissellement et une bonne partie à l’évaporation.

Section 2. Problèmes abordés (causes directes et indirectes) et objectifs de la meilleure pratique

Principaux problèmes abordés par la meilleure pratique

Protection des infrastructures et des agglomérations urbaines et rurales des inondations et des crues cycliques, vu le caractère torrentiel des pluies dans la région aussi bien le caractère squelettique des sols|Terrains montagneuses accidentés et arides, ou le paysage désertique et dégradés qui domine et les activités alternatives sont rares dans ces zones à topographie difficile  et à dominance rurale avec la rareté de l’eau|problème de rareté de l’eau de boisson ou pour satisfaire les besoins des plantes et du cheptel|Des pasteurs et paysans sans terres arable et démunis des  moyens financiers pour assurer leurs propre autosuffisance alimentaire

Décrivez les principaux problèmes liés à la dégradation des terres abordés par la meilleure pratique

- Rareté de terres fertiles et des plaines pour la pratique de l'agriculture extensive
- Rareté des sources d’eau durant la longue période de sécheresse
- Erosion hydrique forte durant  les périodes d'averses vu le caractère accidenté des terres du sud Ouest Tunisien

Précisez les objectifs de la meilleure pratique

Reconstitution des terres fertiles pour pratiquer l’agriculture et ce par la conservation des eaux et du sol|Accroître les opportunités de sources de revenus des populations rurales et leur fixation dans les zones difficiles pour diminuer l'exode et la migration|Adaptation à la sècheresse par la mobilisation des eaux de ruissellement et la rétention du sol en amont des ouvrages|Recharge des nappes souterraines à travers la mobilisation au niveau des zones d’alimentation des aquifères de la région

Section 3. Activités

Brève description des principales activités, par objectif

des opérations de techniques de conservation des eaux et du sol (gabion, murette, plantations des arbres)|
plantation des arbres fruitiers adaptés au climat et à haute valeur économique (olivier figuier, amandier, pistachier)|
confection et entretien des ouvrages hydrauliques (jessours)
conservation de la diversité biologique agricole in situ

Brève description et caractéristiques techniques de la technologie

L’ouvrage "Jesser" est formé d'un petit barrage(Tabia ou Ketra ou Ced), de la terrasse à l’amont immédiat (généralement cultivée) et de l’impluvium.|
on appelle, à Matmata, « Jessour », l’ensemble du complexe qui le fait une unité hydraulique et se constitue de l’ouvrage-barrage proprement dit ; la terrasse à l’amont immédiat (généralement cultivée) et de l’impluvium (soit inculte soit à essences forestières dispersées)
Le barrage : il est construit au travers du talweg, perpendiculairement à la pente, si la construction est en pierre sèches, ils seront déposées les unes sur les autres dans un ordre précis, avec calage, rangée par rangée avec une épaisseur de plus de 3 mètres, la forme sera prismatique et le mur-barrage se prolongera au de la largueur du lit d’oued
Plus de 1,5 m de hauteur de l’ouvrage il sera en escalier pour briser l’énergie de la crue  
La terrasse : Coté amont, le lit du Talweg qui va mobiliser les apports de l’amont du bassin versant (sédiments véhiculés par les eaux de ruissellement) tant qu’il n’ya pas rupture de l’ouvrage.
L’impluvium: est délimité par la ligne de partage des eaux entre les différents jessours.  L’apport annuel dépendra de la superficie de l’impluvium et du couvert végétal sur les versants

Section 4. Institutions/acteurs impliqués (collaboration, participation, rôle des parties prenantes)

Nom et adresse de l’institution développant la technologie


La Direction Générale d'Aménagement et de Conservation des Terres Agricoles (DGACTA) |Avenue Alain Sfary, 1002 Tunis, 30 le Belvedère|l'institut des régions arides de Médenine (IRA)|Route Eljorf, km 22.5, 4119 Medenine, Tunisie|Les chercheurs en matière d’aménagement des bassins versants (CES, Production agricole et hydrologie)| pas disponible|les ONG locales|pas disponible|les groupements de développement agricole |pas disponible|population locale|pas disponible

La technologie a-t-elle été développée en partenariat ?

Oui

Dressez la liste des partenaires :

Technique traditionnelle développée par les populations locales et améliorée par les services techniques du Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche et les instituts de recherche, l’institut des régions arides (IRA) et l’Institut National Agronomique de Tunis (INAT)|

Précisez le cadre de promotion de la technologie

  • Initiative locale
  • Initiative basée sur un programme/projet

La participation des parties prenantes locales, y compris des OSC, a-t-elle été recherchée au cours du développement de la technologie ?

Oui

Dressez la liste des parties prenantes locales:

les services techniques du commissariat régional de développement agricole |La population locale|les chercheurs de l'institut des régions arides

Précisez le rôle des parties prenantes ci-dessus dans la conception, l’introduction, l’utilisation et la maintenance de la technologie, le cas échéant.

par le biais des chantiers engagés par les services des CRDA employant les populations rurales, ayant le savoir faire traditionnels, et encadrés par les chercheurs de l'institut des régions arides de Médenine, ont pu élargir cette technique pour d'autre régions du sud tunisien, aussi bien à travers le programme nationale de conservation des eaux et du sol et à travers les projets de développement agricole intégré|

La population vivant sur ou à proximité du site a-t-elle été impliquée dans le développement de la technologie?

Oui

Par quels moyens?
  • Approches participatives
  • Autre (précisez)
Précisez:

main d'oeuvre locale à travers les chanties des projets de conservation des eaux et du sol

Analyses

Section 5. Contribution à l’impact

Décrivez les impacts sur site (les deux principaux impacts par catégorie)

Amélioration de la fertilité des sols et augmentation de la capacité de rétention des eaux pour satisfaire les besoins hydriques des plantes durant leurs cycles de croissance et de production et la recharge de la nappe
Amélioration des conditions de vie des populations locales exploitant les jessours
Améliorations de la production arboricole et surtout de l'olivier qui peut atteindre une production de 400 kg à l'arbre soit 120 kg d’huile pour un revenu de 150 dollars par arbre par an, en plus des variétés d’orge locales emblavées en intercalaire avec l’arboriculture fruitière|
Diminution de l'érosion hydrique et du charriage mettant en cause le trafic routier.
la reconstitution des terres productifs à vocation arboricole dans des zones arides et alimentation de la nappe de près de 10 millions de m3 /an

Décrivez les deux principaux impacts hors site (dans les environs)

protection contre les inondations
recharge de la nappe souterraines par les quelques dizaine de millions de m3

Impact sur la biodiversité et le changement climatique

Décrivez:

Préservation in situ des espèces locales arboricoles adaptées à la sécheresse, essentiellement le figuier, l’olivier, amandier, pistachier, palmier et quelques variétés locales d'orge|
La pratique contribue à réduire, dans la zone ciblée, la vulnérabilité des populations et de la nature face aux conséquences actuelles du changement climatique, comme est le cas pour la Tunisie qui prévoie une baisse de précipitations et augmentation de la température. Cette technique est considérée comme exemple d’excellence d’adaptation à la sécheresse pour produire sur des superficies limitées mais atteindre des records de production par individus. Selon N. Ennabli (1993), Les jessours, ont vu affluer une population qui s’est volontairement isolée dans une zone aride que rien ne prédestinait à devenir un des plus grands foyers hydrauliques de la Tunisie Méridionale|

Une analyse coût-avantage a-t-elle été réalisée?

Une analyse coût-avantage a-t-elle été réalisée? :

Oui

Précisez:

Les résultats de l’Analyse coûts avantages établis par Sghaier et al (2002), a montré que le TRI et la VAN s’améliorent progressivement d’une étape à l’autre selon la méthode FORCES MOD. En effet, ils évoluent respectivement de 5,47 % à 27,8 % et de -1,065 à 1,150 millions de dinars tunisiens (MDT) de l’étape (analyse financière) à l’étape  (analyse socioéconomique). En effet, Au niveau de l’analyse économique élargie II (AEE2), la prise en compte de l’effet de la recharge de la nappe à partir des ouvrages de CES et d’amélioration de la qualité de la vie de la population a permis une augmentation du TRI à 25,98 % et une nette amélioration du VAN qui dépasse 1 MDT. L’analyse économique et sociale a révélé une amélioration nette du TRI qui passe à 27,8 % et une légère amélioration du VAN qui passe à 1,150 MDT. Ainsi, ce travail a pu montrer une rentabilité satisfaisante de ces aménagements aussi bien aux niveaux financier et économique qu’environnemental|

Section 6. Adoption et caractère transposable

La technologie a-t-elle été diffusée/introduite sur d’autres sites?

La technologie a-t-elle été diffusée/introduite sur d’autres sites? :

Oui

Où?

Dans les Zones montagneuses des gouvernorats du centre ouest, gouvernorat de Gafsa|Gouvernorat de Kasserine|Gouvernorats de Tataouine et Médenine

Des mesures d’incitation ont-elles été mises en place pour faciliter le lancement de la technologie?

Des mesures d’incitation ont-elles été mises en place pour faciliter le lancement de la technologie?

Oui

Précisez le type de mesure d’incitation:
  • Mesures d’incitation financières (telles que des taux préférentiels, aide d’État, subventions, dons, prêts, etc.)

Pouvez-vous identifier les trois principales conditions ayant favorisé la réussite de la meilleure pratique/technologie présentée?

Impact environnemental positif (recharge de la nappe, production arboricole dans des zones arides, lutte contre les inondations)|
Prise en charge par l’Etat pour la construction et la sauvegarde des ouvrages
Technologie peu coûteuse basée sur un savoir faire traditionnel

Réplication

Selon vous, la meilleure pratique/technologie proposée peut-elle reproduite, y compris avec un certain degré d’adaptation?

Oui

Si oui, à quel niveau?
  • Local
  • Sous-national
  • National

Section 7. Leçons tirées

Liées aux ressources humaines

valorisation du savoir faire local à travers l’amélioration de la conception de l’ouvrage pour minimiser les risques de son effondrement

Liées aux aspects financiers

L’utilisation des entreprises locales pour les travaux de confection des ouvrages, ainsi que de la main d’œuvre locale, le matériel (pierres)  et des espèces végétales locales, a permis de maintenir le coût global de l’ouvrage à un niveau raisonnable.|La valorisation des Jessours pour la plantation des arbres à haute valeur économique

Liées aux aspects techniques

Pour que ce type d’aménagement soit étendu avec de fortes chances de réussite, on doit travailler sur les conditions de stabilité de l’ouvrage vis-à-vis à l’arrivée de l’onde de crue destructrice et le dimensionnement de la taille et du nombre d’ouvrages pour optimiser la mobilisation de l’eau et le nombre de pieds à planter (en fonction des besoins en eau des plantations). |

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