Zone de protection sylvo-pastorale (Karl-Peter KIRSCH-JUNG)

Gestion locale collective des ressources naturelles (Mauritanie)

Gelsé

Description

Un transfert de responsabilité de gestion des ressources sylvo-pastorales de l'Etat aux associations des usagers. L'élaboration concertée d'une convention locale définissant les règles de gestion, notamment les conditions d'accès, d'utilisation et de contrôle des ressources partagées dans l'espace retenue. La mise en œuvre de la convention par un système de surveillance et des aménagements physiques utiles à la protection et à la régénération des ressources naturelles.

L’approche « GESTION LOCALE COLLECTIVE DES RESSOURCES SYLVO-PASTORALES » vise à gérer durablement les ressources partagées. Elle inclut l’attribution étatique du droit exclusif de gestion d'un espace délimité à des entités légitimes, représentatives de tous les usagers. Pour parvenir à une mise en œuvre effective du modèle proposé, deux étapes, prévues par les textes (Code Pastoral, Code Forestier) sont nécessaires : d'une part, le transfert du droit de gestion aux communes rurales concernées, d'autre part, la délégation du mandat de gestion par les communes aux organisations d'usagers, les Associations de Gestion Locale Collective (AGLC). Le Programme Gestion des Ressources Naturelles (ProGRN) de la Coopération Allemande (GIZ) accompagne la mise en place des AGLC, pour atteindre la mise en œuvre effective d'une gestion locale durable des ressources sylvo-pastorales dans les deux régions de Guidimakha et Hodh El Gharbi. Une convention locale définit les règles de gestion consensuelles, décidées entre les usagers, qui précisent notamment les conditions d’accès, d’utilisation et de contrôle des ressources naturelles.

La mise en œuvre de la convention locale repose sur la surveillance de l’application des règles définies dans la convention et dans les régimes particuliers. Les régimes particuliers concernent : la mise en défens partielle (par exemple parcage interdit aux caprins), saisonnière ou totale ; parcage nocturne, regroupement des troupeaux non-résidents ; passage de bétail en couloir ; bandes désherbées pour pare-feu ; zones d’exhaure d’eau, etc. Le dispositif de surveillance remplit les tâches d’information, d’observation, de prévention et d’interpellation des contrevenants aux règles définies. Un système de suivi écologique fournit des observations précises sur l’évolution des ressources, dont la gestion est transférée aux associations. Pour suivre l’évolution de l’état écologique de ces espaces, une méthodologie de relevé d’indice du couvert végétal (ICV) a été mise au point. Cette méthode consiste à enregistrer les évolutions à partir d’un relevé initial, et à les comparer à l‘évolution des ressources d’une zone témoin, non-couverte par l’approche.

Les actions de gestion des associations locales peuvent intégrer aussi certains aménagements physiques très utiles à la protection et à la régénération des ressources naturelles. Par le biais de chantiers annuels de pare-feux manuels, les associations peuvent alors sécuriser des superficies significatives de pâturages. Le même type de démarche a été expérimenté dans le cadre de travaux de conservation des eaux et des sols dans les espaces sylvo-pastoraux. L’aménagement de cordons pierreux sur les espaces dégradés permet une meilleure infiltration des eaux de ruissellement, au profit de la régénération des pâturages herbacés et des ligneux.

Entre 2001 et 2011, le transfert de gestion de l’Etat au profit d’associations locales d’usagers s’est concrétisé par la constitution d’une quarantaine d’associations. Depuis 2011, l'approche est appliquée par les associations sans appui du ProGRN, mais avec un suivi par les services étatiques et les communes. Au Guidimakha, 25 conventions locales de gestion des ressources naturelles couvrent 61% de la superficie sylvo-pastorale de la région. Un réseau de 27 zones humides du Hodh el Gharbi, dotées d’un potentiel important pour l’abreuvement des troupeaux et pour la préservation de la biodiversité, est sécurisé par 12 conventions locales. La régénération des ressources sylvo-pastorales dans les espaces gérés est confirmée par le témoignage des populations, et par l’évolution positive de l’index du couvert végétal.

Lieu

Lieu: Régions de Guidimakha et Hodh El Gharbi, Mauritanie

Géo-référence des sites sélectionnés
  • -9.56772, 16.8682
  • -12.16169, 15.18261
  • -12.16031, 15.18261

Date de démarrage: 2001

Année de fin de l'Approche: sans objet

Type d'Approche
Planification d'une mise en défens (Karl P. Kirsch-Jung)

Objectifs de l'approche et environnement favorable

Principaux objectifs de l'Approche
L'approche vise la sécurisation de la base productive sylvo-pastorale (ressources forestières ligneuses et non-ligneuses, ressources pastorales, ressources en eau, ressources cynégétiques, ressources halieutiques). La gestion des ressources naturelles dans les espaces délimités est confiée à la population, qui s’est organisée en entités collectives légitimes (Associations de Gestion Locale Collective, dites AGLC). Les AGLC travaillent sous réserve d'une exploitation durable des ressources. Les usagers doivent y être représentés. Dans la pratique, l'Etat transfère le droit de gestion des espaces aux communes, qui délèguent cette gestion aux AGLC. La mission du ProGRN est de développer et d'appliquer un modèle approprié pour sécuriser la base productive sylvopastorale, et pour transférer le droit de gestion.
Conditions favorisant la mise en oeuvre de la/(des) Technologie(s) appliquée(s) sous l'Approche
  • Normes et valeurs sociales/ culturelles/ religieuses : L'intégration des règles traditionnelles comprenant les principes de respect des droits (priorité, réciprocité des usagers, accès temporaire à l'eau...)
  • Disponibilité/ accès aux ressources et services financiers: Gratuité de l'accès aux ressources pour les communes pour l'usage domestique ; des prélèvements pour l’usage commercial des ressources (collecte et vente de bois, vente des produits de cueillette).
  • Collaboration/ coordination des acteurs: L'approche consiste à une succession de concertations locales, de négociations avec les communes, les services techniques et l'administration territoriale.
  • Cadre juridique (régime foncier, droits d'utilisation des terres et de l'eau): L'application du Code Pastoral et du Code Forestier.
  • Cadre politique: La politique de décentralisation.
  • Gouvernance foncière (prise de décisions, mise en œuvre et application des décisions): La mise en œuvre de la convention locale repose sur la surveillance de l'application des règles définies dans la convention, et définies de manière plus précisée et localisée dans les régimes particuliers.
  • Marchés (pour acheter les intrants, vendre les produits) et prix: La régénération de certains espèces, dont les produits (gomme arabique, jujubes, feuilles et fruits du baobab, fruits de balanites) sont exploités et valorisés à des fins économiques.
Conditions entravant la mise en oeuvre de la/(des) Technologie(s) appliquée(s) sous l'Approche

Participation et rôles des parties prenantes impliquées dans l'Approche

Parties prenantes impliquées dans l'Approche et rôles
Quels acteurs/ organismes d'exécution ont été impliqués dans l'Approche? Spécifiez les parties prenantes Décrivez le rôle des parties prenantes
organisations communautaires Les Associations de Gestion Locale Collective (AGLC) regroupent les populations de plusieurs villages, hameaux et campements. Organiser la mise en œuvre des conventions.
Spécialistes de la GDT/ conseillers agricoles Équipes techniques locales, services techniques. Appui-conseil, l'accompagnement.
gouvernement local L'administration territoriale, collectivités locales. Transfert et délégation du mandat de gestion.
organisation internationale GIZ Coopération technique.
Organisme chef de file
Les Associations de Gestion Locale Collective (AGLC).
Participation des exploitants locaux des terres/ communautés locales aux différentes phases de l'Approche
aucun
passive
soutien extérieur
interactive
auto-mobilisation
initiation/ motivation
x
Information et motivation des premières associations par des agents extérieurs. Ensuite auto-mobilisation et requête d'appui pour l'approche par les populations voisines.
planification
x
AGLC avec l'accompagnement et l'appui.
mise en œuvre
x
AGLC avec l'accompagnement et l'appui.
suivi/ évaluation
x
AGLC avec l'accompagnement et l'appui.
Diagramme/ organigramme

Auteur : Bernard Bonnet
Prises de décision pour la sélection de la Technologie de GDT

Les décisions ont été prises par

  • les exploitants des terres seuls (auto-initiative)
  • principalement les exploitants des terres soutenus par des spécialistes de la GDT
  • tous les acteurs concernés dans le cadre d'une approche participative
  • principalement les spécialistes de la GDT, après consultation des exploitants des terres
  • les spécialistes de la GDT seuls
  • les responsables politiques/ dirigeants

Les décisions ont été prises sur la base de

  • l'évaluation de connaissances bien documentées en matière de GDT (prises de décision fondées sur des preuves tangibles)?
  • les résultats de recherches?
  • expériences et opinions personnelles (non documentées)

Soutien technique, renforcement des capacités et gestion des connaissances

Les activités ou services suivants ont fait partie de l'approche
Renforcement des capacités/ formation
La formation a été dispensée aux parties prenantes suivantes
  • exploitants des terres
  • personnels/ conseillers de terrain
Formats de la formation
  • sur le tas
  • entre agriculteurs (d'exploitants à exploitants)
  • zones de démonstration
  • réunions publiques
  • cours
Sujets abordés

La gestion des ressources naturelles à travers les conventions locales.

Service de conseils
Le service de conseils était fourni
  • dans les champs des exploitants?
  • dans des centres permanents
Lieux de réunion traditionnels dans les différents villages.
Renforcement des institutions
Institutions ont été renforcées ou mises en place
  • non
  • oui, un peu
  • oui, modérément
  • oui, beaucoup
au niveau suivant
  • local
  • régional
  • national
Décrivez l'institution, ses rôles et responsabilités, ses membres, etc.
Les Associations Locales (AGLC).
Type de soutien
  • financier
  • renforcement des capacités/ formation
  • équipement
Plus de détails
Renforcement des capacités techniques (suivi écologique, surveillance, vie associative, etc.) aux membres désignés par les associations.
Suivi et évaluation
Il y a deux outils de suivi/évaluation: l'Indice du Couvert Végétal et une Grille de Performance organisationnelle des associations.

Financement et soutien matériel externe

Budget annuel en dollars US de la composante GDT
  • < 2 000
  • 2 000-10 000
  • 10 000-100 000
  • 100 000-1 000 000
  • > 1 000 000
Precise annual budget: sans objet
Budget de la Coopération bilatérale allemande.
Les services ou mesures incitatives suivantes ont été fournis aux exploitants des terres
  • Soutiens financiers/ matériels fournis aux exploitants des terres
  • Subventions pour des intrants spécifiques
  • Crédits
  • Autres incitations ou instruments
en partie financé
entièrement financé
main d'œuvre

La main-d'oeuvre pour les travaux de l'aménagement manuels (pare-feux) et pour les travaux de conservation des eaux et des sols a été payée en partie.

x

La main d'oeuvre fournie par les exploitants des terres était

Analyses d'impact et conclusions

Impacts de l'Approche
Non
Oui, un peu
Oui, modérément
Oui, beaucoup
Est-ce que l'Approche a autonomisé les exploitants locaux des terres, amélioré la participation des parties prenantes?

La concertation et la négociation sont à la base de l'approche.

x
Est-ce que l'Approche a permis la prise de décisions fondées sur des données probantes?

L'état des ressources était à la base des régimes particuliers.

x
Est-ce que l'Approche a aidé les exploitants des terres à mettre en œuvre et entretenir les Technologies de GDT?

Reprise annuelle des pare-feux.

x
Est-ce que l'Approche a mobilisé/ amélioré l'accès aux ressources financières pour la mise en œuvre de la GDT?

Les collectivités locales ont budgétisé les activités.

x
Est-ce que l'Approche a amélioré les connaissances et les capacités des exploitants des terres pour mettre en œuvre la GDT?

x
Est-ce que l'Approche a amélioré les connaissances et les capacités des autres parties prenantes?

Bonne formation des agents techniques.

x
Est-ce que l'Approche a construit/ renforcé les institutions, la collaboration entre parties prenantes?

Collaboration systématisée entre associations et services techniques.

x
Est-ce que l'Approche a atténué les conflits?

Les conflits socio-fonciers entre agriculteurs et éleveurs commencent à s'atténuer. La concertation permanente entre les usagers forge une reconnaissance mutuelle fondamentale pour prévenir durablement les conflits.

x
Est-ce que l'Approche a autonomisé les groupes socialement et économiquement défavorisés?

À travers les travaux à haute intensité de main-d'oeuvre payés.

x
Est-ce que l'Approche a amélioré l'égalité entre hommes et femmes et autonomisé les femmes et les filles?

28% des postes dans les Bureaux exécutifs des AGLC sont occupés par des femmes.

x
Est-ce que l'Approche a encouragé les jeunes/ la prochaine génération d'exploitants des terres à s'engager dans la GDT?

À travers l'occupation de la fonction 'surveillant'.

x
Est-ce que l'Approche a amélioré les questions foncières et des droits d'utilisation qui entravent la mise en œuvre des Technologies?

C'est l'objectif de l'approche.

x
Est-ce que l'Approche a conduit à améliorer la sécurité alimentaire et/ou la nutrition?

Augmentaion de la production primaire.

x
Est-ce que l'Approche a amélioré l'accès aux marchés?

Par la valorisation des produits forestiers non-ligneux.

x
Est-ce que l'Approche a conduit à améliorer l'accès à l'eau et l'assainissement?

pas visé

x
Est-ce que l'Approche a conduit à l'utilisation/ sources d'énergie plus durables?

pas visé

x
Est-ce que l'Approche a amélioré la capacité des exploitants des terres à s'adapter aux changements/ extrêmes climatiques et a atténué les catastrophes liées au climat?

La gestion durable prend en compte la variabilité climatique.

x
Est-ce que l'Approche a conduit à des emplois, des opportunités de revenus?

Des revenus à partir des produits de la cueillette.

x
Principale motivation des exploitants des terres pour mettre en oeuvre la GDT
Durabilité des activités de l'Approche
Les exploitants des terres peuvent-ils poursuivre ce qui a été mis en oeuvre par le biais de l'Approche (sans soutien extérieur) ?

Conclusions et enseignements tirés

Points forts: point de vue de l'exploitant des terres
  • Cohésion sociale et augmentation des revenus.
Points forts: point de vue du compilateur ou d'une autre personne-ressource clé
  • Bonne appropriation de l'approche par les différents acteurs.
Faiblesses/ inconvénients/ risques: point de vue de l'exploitant des terrescomment surmonter
  • Changements fréquents des responsables politiques (préfets, maires). Missions d'information des personnes-ressources respectées.
Faiblesses/ inconvénients/ risques: point de vue du compilateur ou d'une autre personne-ressource clécomment surmonter
  • Coûts d'administration (surveillance) pas couverts. Augmentation des prix du barème.

Références

Compilateur
  • Karl-Peter KIRSCH-JUNG
Editors
Examinateur
  • Simone Verzandvoort
  • Rima Mekdaschi Studer
  • Joana Eichenberger
Date de mise en oeuvre: 20 mars 2017
Dernière mise à jour: 2 novembre 2021
Personnes-ressources
Description complète dans la base de données WOCAT
Données de GDT correspondantes
La documentation a été facilitée par
Institution Projet
Références clés
  • Mémento pour la mise en œuvre de la Gestion Décentralisée des Ressources Naturelles, ProGRN/GIZ, 2011: patienter
Liens vers des informations pertinentes disponibles en ligne
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